En France, près de la moitié des 18-29 ans résidaient encore chez leurs parents en 2023, selon l’Insee. Cette proportion, stable depuis plusieurs années, dépasse les 60 % chez les moins de 25 ans.Les changements observés depuis la pandémie ont accentué certains écarts générationnels, notamment concernant la mobilité, l’autonomie résidentielle et les priorités de dépenses. Les derniers chiffres mettent en lumière l’ampleur du phénomène et ses particularités parmi les jeunes adultes, qu’ils soient étudiants, en début de vie active ou confrontés à la précarité.
Plan de l'article
- Combien de millennials et de génération Z vivent encore chez leurs parents ?
- Les nouvelles habitudes de vacances des jeunes adultes, entre contraintes et envies d’ailleurs
- Covid-19 : un tournant dans les modes de vie et de consommation des jeunes générations
- Technologies, famille et indépendance : comment les millennials réinventent leur quotidien
Combien de millennials et de génération Z vivent encore chez leurs parents ?
En France, la réalité de la cohabitation familiale s’impose : près de 46 % des 18-29 ans vivent encore chez leurs parents, selon l’Insee. Ce chiffre bondit même à plus de 60 % pour les moins de 25 ans. Cette situation est loin d’être isolée : ailleurs en Europe, les statistiques varient de 40 % à 70 %, selon l’âge, le contexte professionnel ou la rigidité du marché locatif.
En l’espace de deux générations, la donne a radicalement changé. Les millennials, nés entre 1981 et 1996, voient l’envol du cocon familial se repousser dans le temps. Les membres de la génération Z, arrivés après 1997, vivent le même report de départ, freinés par des loyers qui explosent ou des embauches précaires.
À l’époque des baby boomers, partir à 20 ans semblait une évidence. Aujourd’hui, cette norme s’éloigne. Études longues, crise persistante du logement, incertitudes économiques : l’émancipation résidentielle se fait plus tardive, et c’est tout un cycle de vie qui s’en trouve bousculé.
Voici quelques chiffres qui aident à mesurer ce phénomène :
- 46 % des 18-29 ans vivent chez leurs parents en France
- Plus de 60 % des 18-24 ans sont toujours au foyer familial
- Des niveaux proches dans d’autres pays d’Europe du Sud
Derrière ces données, c’est le rapport aux générations, à la famille et à l’autonomie qui se recompose chaque jour.
Les nouvelles habitudes de vacances des jeunes adultes, entre contraintes et envies d’ailleurs
Le fait de rester plus longtemps chez ses parents ne signifie pas que les jeunes renoncent à l’évasion. Le désir de partir subsiste, mais les réalités économiques obligent à s’adapter. Qu’ils soient étudiants, jeunes actifs, ou à la recherche d’un emploi, le constat est partagé : les séjours à l’étranger ou dans des clubs luxueux sortent souvent du champ des possibles.
Les statistiques de l’Insee montrent que la plupart des 18-29 ans privilégient désormais des vacances courtes, sur le territoire, et souvent chez la famille ou des amis. Ce choix traduit la volonté de réduire les frais mais aussi celle de garder un lien avec leurs proches et leur région d’origine. Pour conjuguer répit et budget, les jeunes adultes privilégient de nouveaux modes d’organisation :
- L’échange de logements via des amis ou des plateformes spécialisées
- Les séjours en groupe, souvent préparés via les réseaux sociaux
- Les voyages réservés à la dernière minute, dénichés en ligne
Le foyer parental reste une base, mais l’envie de découvrir ailleurs demeure. Les fils d’actualité regorgent de récits de voyages improvisés, city-breaks à petit budget, trajets partagés. Rien à voir avec les schémas de leurs aînés : l’adaptabilité et la débrouille sont devenues la norme. Aujourd’hui, un départ peut s’improviser en un instant, et l’offre de loisirs s’aligne sur de nouveaux usages et contraintes économiques.
Covid-19 : un tournant dans les modes de vie et de consommation des jeunes générations
La pandémie a bouleversé la donne. Pour les millennials et la génération Z, l’impact s’est fait sentir jusque dans le foyer. Les envies d’indépendance ont été stoppées net par les confinements successifs. Après 2020, il a fallu composer avec une hausse du nombre de jeunes vivants chez leurs parents, en France comme ailleurs en Europe. L’évolution touche en particulier les 18-34 ans, bouleversés par la crise du logement, la frustration liée au marché de l’emploi, et le ralentissement économique général.
Universités fermées, généralisation des cours à distance, accès à l’emploi dégradé : tout cela a retardé le moment de quitter la maison. Les premiers salaires sont souvent limités, et peinent à suivre la hausse des loyers. Quant à l’accès à un logement abordable, l’attente s’allonge et beaucoup de jeunes voient leurs projets d’autonomie freinés.
Ce retour à la vie au sein du foyer a aussi modifié les habitudes de consommation. Les dépenses se sont réorientées : numérique, alimentation, équipement du logement sont devenus prioritaires. Coupés de leurs lieux de rencontre, les jeunes ont massivement investi les réseaux sociaux et les services en ligne pour garder le contact, apprendre, s’occuper ou se former. Le quotidien s’est réorganisé et l’idée même d’autonomie a pris une autre dimension.
Technologies, famille et indépendance : comment les millennials réinventent leur quotidien
Ce nouvel équilibre familial n’est plus seulement subi, il est modelé et investi par une génération connectée. Les millennials refusent la caricature de la dépendance : ils font du numérique un instrument concret de liberté. Carrière, apprentissage, relations sociales, loisirs : tout passe par les outils digitaux, et le lien social résiste, même depuis la maison des parents.
À mesure que la question du logement indépendant devient plus incertaine, la définition même de l’autonomie évolue. Recherche d’emploi, formation à distance, implication citoyenne : autant de chemins qui s’inventent sans quitter le cocon familial, mais permettent de s’ouvrir à d’autres réseaux, plus larges et solidaires.
Voici quelques exemples concrets de cette indépendance hybride :
- Les comptes communs sur des plateformes de streaming qui créent de nouvelles solidarités familiales
- Les groupes de discussion en ligne où des jeunes partagent conseils, bons plans logement ou projections professionnelles, créant des communautés soudées autour de préoccupations partagées
Le foyer devient peu à peu un espace d’écoute, d’entraide, d’apprentissage mutuel, très éloigné du modèle autoritaire du passé. Les millennials tracent leur route, combinent appui parental et recherche d’autonomie, et trouvent ainsi de nouveaux équilibres.
Faute de logements disponibles, cette jeunesse invente des solutions inédites. Solidarité, débrouillardise, réseaux sociaux dessinent aujourd’hui une carte des possibles tout à fait singulière. Ce qui, hier encore, ressemblait à une période provisoire dessine désormais les contours d’une nouvelle norme. Une base, sans doute, pour repenser un jour, collectivement, la façon dont s’organisent la famille et l’autonomie.












